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« On ne subit pas l'avenir, on le fait »
GEORGES BERNANOS
Paul Eluard, Au rendez-vous allemand, « Faire vivre » (1944)
Albert de Mun, Discours au banquet de l'ALP (extrait) (19 décembre 1905)
Nérée Beauchemin, Les floraisons matutinales, « Le dernier gîte » (1897)
Victor Hugo, Choses vues, « La famille est le cristal de la société » (octobre 1830)
Paul Eluard, Au rendez-vous allemand,
« Faire vivre » (1944)
Ils étaient quelques-uns qui vivaient
dans la nuit
En rêvant du ciel caressant
Ils étaient quelques-uns qui aimaient la
forêt
Et qui croyaient au bois brûlant
L’odeur des fleurs les ravissait même de
loin
La nudité de leurs désirs les recouvrait
Ils joignaient dans leur cœur le souffle
mesuré
A ce rien d’ambition de la vie naturelle
Qui grandit dans l’été comme un été plus
fort
Ils joignaient dans leur cœur l’espoir
du temps qui vient
Et qui salue même de loin un autre temps
A des amours plus obstinées que le
désert
Un tout petit peu de sommeil
Les rendait au soleil futur
Ils duraient ils savaient que vivre
perpétue
Et leurs besoins obscurs engendraient la
clarté
*
Ils n’étaient que quelques-uns
Ils furent foule soudain
Ceci est de tous les temps.
***************
Albert
de Mun, Conclusion du discours
prononcé le 17 décembre 1905 (après le vote de la loi le 9 décembre) au banquet
de clôture du congrès de l'Action libérale populaire (ALP).
«
Soldat vaincu d’une cause invincible, je ne puis vous apporter que les restes
d’une force usée par de longs combats mais que suffit à ranimer le spectacle de
votre courageuse ardeur. Témoin plein d’une frémissante émotion, je me suis
tenu près de votre berceau : spectateur trop souvent impuissant, j’ai assisté
aux progrès de votre jeunesse : et ces souvenirs et cette impuissance elle-même
me donnent aujourd’hui le droit de saluer librement l’épanouissement de votre
maturité.
«
Vous êtes forts, Messieurs, forts de votre droit et de votre abnégation :
condamnés, malgré vous, après tant de sacrifices offerts pour la conjurer, à
une guerre impie, vous rallierez à votre cause tous ceux qu’émeuvent encore les
grands noms de la justice et de la liberté.
«
Vous êtes forts de votre patriotisme : à la veille peut-être des grandes
épreuves nationales, vous verrez se tourner vers vous, comme, au matin du
combat, le gros de l’armée vers une troupe d’élite, tous ceux qui se
souviennent des jours douloureux où, sans souci des mains qui tenaient le
drapeau, vos aînés, d’un seul élan, se serraient autour de lui.
«
Vous êtes forts enfin, vous êtes forts surtout de votre dévouement à la cause
populaire ; le peuple, le vrai peuple de France, vous voyant à l’œuvre, apprend
de jour en jour à vous connaître davantage. (…)
« Et vous,
Messieurs, par un admirable échange, en le servant, vous apprenez à l’aimer
davantage. Vous avez connu, dans les luttes civiles, que c’est là, c’est dans
le cœur des petits et des humbles, que jaillit la source inépuisable des
sacrifices généreux et des inlassables dévouements. C’est là qu’est votre
force. C’est là qu’est pour demain la suprême espérance vers laquelle,
aujourd’hui, avec le dernier effort de ma voix, je veux jeter le dernier cri de
mon âme. »
***************
Le dernier gîte
Je te reviens, ô
paroisse natale.
Patrie intime où mon cœur est resté ;
Avant d’entrer dans la nuit glaciale,
Je viens frapper à ton seuil enchanté.
Patrie intime où mon cœur est resté ;
Avant d’entrer dans la nuit glaciale,
Je viens frapper à ton seuil enchanté.
Pays d’amour, en
vain j’ai fait la route
Pour saluer encore ton ciel bleu,
Mon œil se mouille et ma chair tremble toute,
Je viens te dire un éternel adieu.
Pour saluer encore ton ciel bleu,
Mon œil se mouille et ma chair tremble toute,
Je viens te dire un éternel adieu.
Oh ! couchez-moi
dans la tombe bénite,
Dans un recoin discret du vieil enclos.
Ici, je viens chercher mon dernier gîte,
Je viens ici chercher calme et repos.
Dans un recoin discret du vieil enclos.
Ici, je viens chercher mon dernier gîte,
Je viens ici chercher calme et repos.
Ô terre sainte !
ouvre-moi ton asile,
Près des miens, jusqu’au jour du grand réveil,
Je dormirai comme en un lit tranquille,
Mon dernier rêve et mon dernier sommeil.
Près des miens, jusqu’au jour du grand réveil,
Je dormirai comme en un lit tranquille,
Mon dernier rêve et mon dernier sommeil.
Nérée
Beauchemin, Les floraisons matutinales (1897)
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Victor
Hugo, Choses vues, « La famille est le cristal de la société
» (octobre 1830)
Toute doctrine
sociale qui cherche à détruire la famille est mauvaise et, qui plus est,
inapplicable. Sauf à se recomposer plus tard, la société est soluble, la
famille non. C'est qu'il n'entre dans la composition de la famille que des lois
naturelles ; la société, elle, est soluble par tout l'alliage de lois factices,
artificielles, transitoires, expédientes, contingentes, accidentelles, qui se
mêle à sa constitution. Il peut souvent être utile, être nécessaire, être bon
de dissoudre une société quand elle est mauvaise ou trop vieille, ou mal venue.
Il n'est jamais utile, ni nécessaire, ni bon, de mettre en poussière la
famille. Quand vous décomposez une société, ce que vous trouvez pour dernier
résidu, ce n'est pas l'individu, c'est la famille. La famille est le cristal de
la société.