Si vous le souhaitez, vous pouvez lire notre page en écoutant de la musique
(fichier téléchargeable)
Martin Luther King , Lettre de la geôle de Birmingham (1963, extraits)
Samuel Ullman, « Être jeune » (1870)
Martin Luther King, « La non-violence ne cherche pas à vaincre ni à humilier » (1968)
Samuel Ullman, « Être jeune » (1870)
Martin Luther King, « La non-violence ne cherche pas à vaincre ni à humilier » (1968)
Martin Luther
King, Lettre de la geôle de Birmingham (1963, extraits)
(…) « Je ne
recommande en aucune manière d’enfreindre ou de défier la loi ; cela conduirait
à l’anarchie. Celui qui viole une loi
injuste doit agir ouvertement, avec amour… et accepter volontairement le
châtiment qu’il encourt. Je soutiens que quiconque enfreint la loi parce que sa
conscience la tient pour injuste, puis accepte volontairement une peine de
prison afin de soulever la conscience sociale contre cette injustice, affiche
en réalité un respect supérieur pour le droit…
Vous exprimez une grande inquiétude à l’idée que nous
sommes disposés à enfreindre la loi. Voilà certainement un souci légitime.
Comme nous avons si diligemment prôné l’obéissance à
l’arrêt de la Cour suprême interdisant, en 1954, la ségrégation dans les écoles
publiques, il peut sembler paradoxal, au premier abord, de nous voir enfreindre
la loi en toute conscience. On pourrait fort bien nous demander : « Comment
pouvez-vous recommander de violer certaines lois et d’en respecter certaines
autres ? » La réponse repose sur le fait qu’il existe deux catégories de lois :
celles qui sont justes et celles qui sont injustes. Je suis le premier à
prêcher l’obéissance aux lois justes. L’obéissance aux lois justes n’est pas seulement
un devoir juridique, c’est aussi un devoir moral. Inversement, chacun est
moralement tenu de désobéir aux lois injustes. J’abonderais dans le sens de
saint Augustin pour qui « une loi injuste n’est pas une loi ».
Quelle est la différence entre les unes et les autres
? Comment déterminer si une loi est juste ou injuste ? Une loi juste est une
prescription établie par l’homme en conformité avec la loi morale ou la loi de
Dieu. Une loi injuste est une prescription qui ne se trouve pas en harmonie avec
la loi morale. Pour le dire dans les termes qu’emploie saint Thomas d’Aquin,
une loi injuste est une loi humaine qui ne plonge pas ses racines dans la loi
naturelle et éternelle. Toute loi qui élève la personne humaine est juste.
Toute loi qui la dégrade est injuste. (…)
Nous ne pourrons jamais oublier que tous les
agissements de Hitler en Allemagne étaient « légaux» et que tous les actes des
combattants de la liberté en Hongrie étaient « illégaux ». Il était « illégal »
d’aider et de réconforter un juif dans l’Allemagne de Hitler. Mais je suis sûr
que si j’avais vécu en Allemagne à cette époque-là, j’aurais aidé et réconforté
mes frères juifs même si c’était illégal. Si je vivais aujourd’hui dans un pays
communiste où certains principes chers à la foi chrétienne sont abolis, je
crois que je recommanderais ouvertement la désobéissance aux lois
antireligieuses. (…)
Dans votre déclaration, vous affirmez que nos actions,
bien que pacifiques, doivent être condamnées car elles précipitent la violence.
Mais peut-on procéder à une telle assertion en bonne logique ? Cela ne
revient-il pas à condamner la victime d’un vol sous prétexte qu’en ayant de
l’argent elle a poussé le coupable à commettre un acte de malhonnêteté
répréhensible ? Cela ne revient-il pas à condamner Socrate sous prétexte que
son inébranlable attachement à la vérité et ses réflexions philosophiques ont
poussé une opinion publique dévoyée à lui faire boire la ciguë ? Cela ne
revient-il pas à condamner Jésus, sous prétexte que son souci sans pareil de
Dieu et sa soumission incessante à la volonté de celui-ci ont précipité le
geste pervers de ceux qui l’ont crucifié ? Comme les juges fédéraux l’ont sans
cesse affirmé et comme nous devons l’admettre : il est immoral de demander à un
individu qu’il renonce à s’efforcer d’obtenir ses droits constitutionnels
fondamentaux sous prétexte que sa quête précipite la violence. La société doit
protéger la victime et châtier le voleur. (…)
Les opprimés ne
peuvent demeurer dans l’oppression à jamais. Le moment vient toujours où ils
proclament leur besoin de liberté. Et c’est ce qui se produit actuellement pour le Noir
américain. (...) Qu’il manifeste donc ; qu’il aille en pèlerinage prier devant
l’hôtel de ville ; qu’il se mue en « Voyageur de la Liberté » et qu’il comprenne
pourquoi il doit le faire. S’il ne défoule pas, par des voies non violentes,
ses émotions réprimées, celles-ci s’exprimeront par la violence ; ce n’est pas
une menace mais un fait historique. Je n’ai pas demandé à mon peuple : « Oublie
tes sujets de mécontentement. » J’ai tenté de lui dire, tout au contraire, que
son mécontentement était sain, normal, et qu’il pouvait être canalisé vers
l’expression créatrice d’une action directe non violente. Cette attitude est
dénoncée aujourd’hui comme extrémiste. Je dois admettre que j’ai tout d’abord
été déçu de la voir ainsi qualifiée. Mais en continuant de réfléchir à la
question, j’ai progressivement ressenti une certaine satisfaction d’être
considéré comme un extrémiste. Jésus n’était-il pas un extrémiste de l’amour –
« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux
qui vous maltraitent » ? Amos n’était-il pas un extrémiste de la justice – «
Que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent
intarissable » ? Paul n’était-il pas un extrémiste de l’Évangile de Jésus
Christ – « Je porte en mon corps les marques de Jésus » ? Martin Luther
n’était-il pas un extrémiste – « Me voici, je ne peux faire autrement, et que
Dieu me vienne en aide » ? John Bunyan n’était-il pas un extrémiste – « Je
resterai en prison jusqu’à la fin de mes jours plutôt que d’assassiner ma
conscience » ? Abraham Lincoln n’était-il pas un extrémiste – « Notre nation ne
peut survivre mi-libre, mi-esclave » ? Thomas Jefferson n’était-il pas un extrémiste
– « Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes : tous les hommes
ont été créés égaux » ? Aussi la question n’est-elle pas de savoir si nous
voulons être des extrémistes, mais de savoir quelle sorte d’extrémistes nous
voulons être. Serons-nous des extrémistes pour l’amour ou pour la haine ?
Serons-nous des extrémistes pour la préservation de l’injustice ou pour la
cause de la justice ? Au cours d’une scène dramatique, sur la colline du
Calvaire, trois hommes ont été crucifiés. Nous ne devons pas oublier que tous
trois ont été crucifiés pour le même crime – le crime d’extrémisme. Deux
d’entre eux étaient des extrémistes de l’immoralité et s’étaient ainsi
rabaissés au-dessous de leur entourage. L’autre, Jésus Christ, était un
extrémiste de l’amour, de la vérité et du bien, et s’était ainsi élevé
au-dessus de son entourage.
****************
Samuel Ullman, « Être jeune » (1870)
Poème favori du général Mc Arthur
La jeunesse n’est pas une période de la vie,
elle est un état d’esprit, un effet de la volonté,
une qualité de l’imagination, une intensité émotive,
une victoire du courage sur la timidité,
du goût de l’aventure sur l’amour du confort.
On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain
nombre d’années :
on devient vieux parce qu’on a déserté son idéal.
Les années rident la peau ; renoncer à son idéal ride
l’âme.
Les préoccupations, les doutes, les craintes et les
désespoirs sont les ennemis qui,
lentement, nous font pencher vers la terre et devenir
poussière avant la mort.
Jeune est celui qui s’étonne et s’émerveille.
Il demande comme l’enfant insatiable : Et après ?
Il défie les événements et trouve de la joie au jeu de
la vie.
Vous êtes aussi jeune que votre foi. Aussi vieux que
votre doute.
Aussi jeune que votre confiance en vous-même.
Aussi jeune que votre espoir. Aussi vieux que votre
abattement.
Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif.
Réceptif à ce qui est beau, bon et grand.
Réceptif aux messages de la nature, de l’homme et de
l’infini.
Si un jour, votre cœur allait être mordu par le
pessimisme et rongé par le cynisme,
puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.
***************
Martin Luther King
« La non-violence ne cherche pas à vaincre ni à
humilier l’adversaire » (1968)
La non-violence ne cherche pas à vaincre ni à humilier
l’adversaire, mais à conquérir sa compréhension et son amitié. Le résistant
non-violent est souvent forcé de s’exprimer par le refus de coopérer ou les
boycotts, mais il sait que ce ne sont pas là des objectifs en soi. Ce sont simplement
des moyens pour susciter chez l’adversaire un sentiment de honte. Il veut la
rédemption et la réconciliation. La non-violence veut engendrer une communauté
de frères, alors que la violence n’engendre que haine et amertume.
La non-violence refuse non seulement la violence
extérieure, physique, mais aussi la violence intérieure. Le résistant
non-violent est un homme qui s’interdit non seulement de frapper son
adversaire, mais même de le haïr. Au centre de la doctrine de la non-violence,
il y a le principe d’amour [...]. Répondre à la haine par la haine, ce serait
augmenter la somme de mal qui existe déjà sur terre. Quelque part, dans
l’histoire du monde, il faut que quelqu’un ait assez de bon sens et de courage
moral pour briser le cercle infernal de la haine. La seule façon d’y parvenir
est de fonder notre existence sur l’amour.
Croire en la non-violence ne met pas à l’abri de la
violence. Celui qui croit en la non-violence accepte d’être victime de la
violence, mais ne l’inflige jamais. Il vit dans la conviction que la situation
sociale peut être rachetée par ses souffrances.
Si je vous frappe et que vous me frappiez, si je vous
frappe de nouveau et que vous me frappiez de nouveau, on continue comme ça ad
infinitum. On n’arrête jamais. Quelqu’un, quelque part, doit faire preuve d’un
peu de bon sens. C’est lui le plus fort : celui qui réussit à casser la longue
chaîne de la haine et du mal.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire