vendredi 14 juin 2013

Textes lus lors de notre 6ème veillée - 14 juin 2013


Vous êtes mort quand vous avez refusé de vous dresser pour la bonne cause.
Vous êtes mort quand vous avez refusé de vous dresser pour la vérité.
 Vous êtes mort quand vous avez refusé de vous dresser pour la justice.
MARTIN LUTHER KING

Vivre est ce qu'il y a de plus beau au monde, la plupart des gens existent, c'est tout.
OSCAR WILDE

La démagogie s'introduit quand, faute de commune mesure,
le principe d'égalité s'abâtardit en principe d'identité.
ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY

L'homme qui déplace une montagne commence par déplacer les petites pierres.
CONFUCIUS

Principes des Veillées
Paul Eluard, « Dit de la force de l'amour »
Lettre aux Veilleurs du Père Daniel-Ange (extraits)

======================================================================================Les Veilleurs

Principes des Veillées
Le 11 juin 2013

Les Veilleurs forment un mouvement non-violent, né en marge de la contestation à la loi Taubira. Face à la démission de la pensée, à l’assoupissement des consciences et au délitement progressif du sens de l’homme, les Veilleurs ont choisi de demeurer vigilants pour réveiller l'âme du peuple auquel ils appartiennent.

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1. Non-violence. Les Veilleurs condamnent toute forme de violence, quelle qu’elle soit. Chaque veilleur s’engage donc à s’asseoir pacifiquement durant la Veillée, à ne jamais répondre aux provocations et à ne jamais faire usage de la force. La vocation des Veilleurs est de désarmer la violence pour être au service du  bien commun et de la paix sociale. Quelle que soit l’action qu’ils entreprennent, les Veilleurs cherchent toujours un moyen juste au service d’une fin juste.

« La non-violence est une arme puissante et juste, qui tranche sans blesser et ennoblit l'homme qui la manie. C'est une épée qui guérit. » Mahatma Gandhi

2. Culture. Les Veilleurs ont choisi d’honorer la personne humaine dans toute ses dimensions (corps, cœur, âme et esprit) par la médiation de la culture, de la philosophie et des arts (chant, théâtre, …), afin de retrouver le sens de l’homme, de la justice et de la vérité à travers la redécouverte de grands penseurs dont les textes sont lus durant les Veillées, et accompagnés de témoignages.

« C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal. » Hannah Arendt

3. Lumière. Les Veilleurs se rassemblent à la lueur de quelques bougies qui manifestent la flamme de leur espérance, l’ardeur de leur vigilance et de leur résistance pacifique, ainsi que l’éveil des consciences qu’ils entendent susciter.

« Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent. »
Robert Desnos

4. Espérance. Les Veilleurs, plutôt que de sombrer dans le découragement, l’amertume et le pessimisme, sont porteurs d’espérance pour leur temps et leurs concitoyens, en préférant inlassablement la vérité au mensonge, la beauté à la laideur, la justice à l'iniquité, la paix à l’hostilité, l’amour à la haine. Veiller, c’est commencer à changer sa vie et espérer ainsi changer la société.

« Dans l’homme jamais l’espérance n’est vaine. » Victor Hugo

5. Ouverture. Les Veilleurs ne sont affiliés à aucune étiquette politique et forment un mouvement non-confessionnel : toutes les personnes, quelles que soient leurs opinions politiques et leurs convictions religieuses, sont les bienvenues au Veillées. Pour autant, les Veilleurs entendent susciter une révolution intérieure et spirituelle, c’est-à-dire réaffirmer la grandeur de l’esprit de l’homme et l’inaliénabilité de sa liberté de conscience.

« Mon humanité est tressée à la vôtre, car nous ne pouvons être humains qu’ensemble. » Desmond Tutu

6. Générosité. Être Veilleur, c'est offrir quelques heures à sa société pour redécouvrir le sens de la vie et la réalité de la personne humaine. C’est accepter d’être présent et de se lever pour d’autres que soi-même, de semer un grain qui produira un jour une moisson pour les générations à venir.

« La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent. » 
Albert Camus

7. Engagement. Le mouvement entend inciter chaque Veilleur à s’engager au sein de la vie politique, associative, éducative, syndicale, écologique, économique et culturelle de son pays afin de promouvoir au  sein des structures existantes, quelles qu’elles soient, le sens de la vie et de la dignité humaines. Veiller, c’est  reconnaître que nous sommes des êtres de relation, des citoyens responsables et pleinement engagés dans  l’avenir de leur pays, en vue d’un redressement culturel et politique profond, réellement respectueux de la  personne humaine.

« Une civilisation repose sur ce qui est exigé des hommes,
non sur ce qui leur est fourni. » A. de Saint-Exupéry


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Paul Eluard, Dit de la force de l’amour

Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l’injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère

Il y a les maquis couleur de sang d’Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l’espoir
Pour tous les innocents qui haïssent le mal

La lumière toujours est tout près de s’éteindre
La vie toujours s’apprête à devenir fumier
Mais le printemps renaît qui n’en a pas fini
Un bourgeon sort du noir et la chaleur s’installe

Et la chaleur aura raison des égoïstes
Leurs sens atrophiés n’y résisteront pas
J’entends le feu parler en riant de tiédeur
J’entends un homme dire qu’il n’a pas souffert

Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j’aime à jamais toi qui m’as inventé
Tu ne supportais pas l’oppression ni l’injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre

Tu rêvais d’être libre et je te continue.


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Lettre aux Veilleurs du Père Daniel-Ange (texte intégral)

            A vous, les veilleurs éveillant l’émerveillement ! Devant vos paisibles visages, éclairés du dedans par une clarté d’ailleurs, j’hallucine ! Me voilà complètement scotché ! Qui donc êtes vous ? Je vais vous le dire : vous êtes les survivants d’une guerre aseptisée, les rescapés d’un naufrage, les résistants qui refusez de laisser souiller la beauté de votre jeunesse et ternir la pureté de vos regards. Les prophètes de la Joie, les sentinelles du matin, les fils et filles de la Lumière: c’est vous ! Oui, chacun de vous ! En veillant au long des nuits, vous faites advenir l’aurore. Vous débordez d’une toute neuve joie de vivre, car vous découvrez pour quoi vivre, selon le dernier mot d’une jeune américaine, Cassie Bernall : «  Si tu ne sais pas pour qui vivre, ce n’est pas la peine de vivre. » Vous êtes l’espérance de la France – oui, la France espérante – et au-delà, de tous les jeunes d’Europe qui, via Facebook et iPod sont rivés, nuit après nuit, guettent le moment de faire de même chez eux. Vous allez  en engendrer une multitude. Peut-être même dans le monde entier. Face à un raz-de-marée d’eau polluée, vous formez une lame de fond  purifiant tout sur son passage. Vous dénoncez le mensonge qui vide les mots de leur sens. Vous vous rebellez contre une idéologie virant au totalitarisme d’Etat. Vous vous révoltez contre les manipulations frisant la dictature. Vous vous insurgez contre les aberrations qui - tels des monstres - se profilent à l’horizon. Vous alliez la lucidité au courage. Lucidité de votre réflexion, courage de vos actions. Lucidité intellectuelle et courage  « gestuel ». Vous refusez qu’on vous traite comme des imbéciles en vous forçant à penser qu’on peut « être mâle en étant féminin et femelle en étant masculin. » Non mais ça va pas la tête !

            Devant une subversion anthropologique, vous êtes le fer de lance d’une insurrection civique. Devant une révolution contre-humanitaire, vous forgez la rébellion de lumière. Devant l’invasion de théories subversives de notre civilisation, vous entrez en dissidence, avant d’être peut-être, acculés à une désobéissance civile. Devant le nouveau colonialisme qui vient envahir nos esprits et pervertir notre intelligence vous entrez en résistance. En toute connaissance de cause. Vous voyant à genoux, face à face devant les forces de l’ordre, me revient ce que j’écrivais de la Pologne voici 30 ans au moment  de l’état de guerre dans un Etat contre la Nation : « Quand on matraque ce peuple, il tombe à genoux ». Et ce mot du  grand serviteur de la vie Jérôme Lejeune : «  Quand tombe le soldat, c’est à genoux qu’il se bat. » Vous rejetez cette chape de plomb de la pensée unique imposée. Vous libérez la parole, enfin ! Vous récusez la dictature du prêt à penser, des idées imposées, des arguments bidon, de la paresse intellectuelle. Vous savez rendre compte, expliquer le  pourquoi de votre comportement. Vous refusez le relativisme qui conduit au nihilisme. Les héros de la liberté, c’est vous. Les champions de l’écologie humaine, c’est vous. C’est vous les garants de la création qui vous est désormais confiée en son plus beau chef-d’œuvre : un homme et une femme qui dans l’amour font exister un enfant, unique au monde, dont l’âme vivra toujours. Vous vous battez pour sauver le mystère de la vie, de l’amour et de la source même : nos familles. Déjà si fragiles, si menacées, si attaquées. Mais en vous voyant, je vois les papas et les mamans de demain et je devine vos futurs enfants, débordants de vie, car comblés d’un amour fidèle en crescendo.

            Vous montez au créneau pour barrer la route à ceux qui – consciemment ou non – s’attaquent aux fondements de même de l’existence. Dans une société virtuelle, superficielle et artificielle vous êtes les garçons et les filles de l’essentiel. Et cela, en toute gratuité, sans rechercher aucun avantage personnel. Mais uniquement par amour. Par amour de votre pays, de votre peuple, de votre nation, de votre patrie. Vous êtes ceux qui sauvent son honneur. Qui portez haut son étendard. Vous êtes non seulement son avenir, mais son présent, car quel présent-cadeau que votre intrépidité, inattendue, dépassant tous les espoirs. Sur vos visages, je vois la France, l’Europe de demain. Je vois la  nouvelle génération de politiciens qui ne seront que les humbles serviteurs du peuple confié à leur cœur et non des prédateurs. Et cela – ô stupeur – : pacifiquement et paisiblement : récusant toute violence, renonçant à toute agressivité même verbale, à tout propos ordurier, à tout mépris de ceux qui pensent autrement. Les mains vides vous désamorcez les grenades, vous transpercez casques et boucliers  pour rejoindre l’homme en ses profondeurs. Quel gendarme, policier, CRS, n’est pas impressionné au tréfonds de son âme, par la maîtrise de soi, le sens civique, l’auto-discipline dont vous faites preuve. Beaucoup rêveraient d’être avec vous, de l’autre côté de la barrière. Votre innocence désarme leur puissance. Votre calme est plus dangereux que leurs armes, que toutes les armes du monde. Vos silences font fléchir leur arrogance. Ceux qui ont peur, ce n’est pas vous. Ce sont eux. Peur de vos regards où ne transparaissent que la paix et la détermination. Peur de vos visages où ne se lit aucune haine, aucune révolte. Les geôliers de Maximilien Kolbe lui hurlaient : «  Ne nous regarde pas ainsi ! » Tant le Ciel se réfléchissait dans ses yeux. Vous retrouvez sans le savoir la grande stratégie qui a fini par faire s’écrouler ce rideau de fer qui pendant 50 ans a cassé en deux notre Europe.

            La tactique des foules passives, à condition d’être massives. Ces foules, surtout de jeunes, qui ont envahi les avenues de Berlin, Vilnius, Prague, Bratislava, Budapest, Kiev : ces révolutions dites oranges, de velours, printanières. Leurs premiers soulèvements  ont été sauvagement réprimés dans un bain de sang, tout comme sur la place Tien-an-Men à Pékin. Mais mêmes écrasés sous les chars, ils n’ont pas cédé. Ils ont tenu coûte que coûte, dans la clandestinité, imaginant toutes sortes de trucs, d’astuces  et de combines pour freiner le pouvoir totalitaire. Jusqu’à finir par remporter la victoire. Tous ceux de votre génération en Europe du Centre et de l’Est qui vous voient sur la toile, – médusés – briller tels des diamants, se rappellent immédiatement ces jours d’il y a 30 ans qui ont fait basculer le monde de l’esclavage idéologique à la liberté de la Vérité. Car seule la Vérité rend libre, comme Vaclav Havel, sortant de prison l’avait écrit sur l'étendard flottant sur son palais présidentiel. Micro à un Soljenitsyne : « Une seule parole de vérité pèse plus lourd que le monde entier ». Micro à un Jerzy Popieluszko : « La vérité qui ne coûte rien est un mensonge. L’amour doit aller de pair avec le courage. La nation dépérit lorsqu’elle manque de courage, lorsqu’elle se ment à elle-même. » En voyant certains, brutalisés, provisoirement kidnappés, je revoyais à Varsovie, ces jeunes priant, chantant toute la nuit autour de grandes croix en fleurs, se faire brutalement embarquer par la police et bâillonnés, continuer à prier et chanter. Car « si eux se taisent, les pierres crieront. » Et vous voilà à votre tour, traités comme des salopards. Votre crime ? Oser dire, avec vos pieds battant le pavé, ce que toute l’humanité depuis la nuit des temps et dans tous les pays sait d’instinct : tout bébé a le droit de dire : papa, maman, sans mentir. C’est tout. Eh bien ! Cela devient du jour au lendemain, passible de prison. Non, mais ! On marche sur la tête ! Mais en ce cas, on perd vite l’équilibre et on s’écroule. Merci de rester équilibrés, de rester des êtres humains.

            Au forceps, on passe des lois infantiles, qui violent la conscience humaine, qui violeront psychologiquement des enfants, frustrés de leurs repères essentiels. Des lois immorales, tout en voulant moraliser la politique. On tente de vous empêcher de manifester, de parler, presque de penser, de réfléchir… Cela dans un pays qui se vante de sa démocratie, qui « cocorique » sur la liberté d’expression, se gargarise des droits de l’homme tout en bafouant les premiers droits des enfants : le droit à la vie, à la vérité, à la beauté, à l’amour. Mais à cette violence institutionnelle, vous répondez par la non-violence. Et pour sauver le simple bon sens, vous voilà prêts à l’objection de conscience. Héroïquement. Cet acte de liberté suprême, personne jamais ne pourra vous l’arracher. Ce que vous faites, le grand Gandhi en rêvait. Ainsi qu’Albert Einstein : « Ne fais rien contre ta conscience, même si c’est l’Etat qui te le demande. » C’est vous qui êtes justes, vrais, honnêtes. Non et non, on ne joue pas avec la vie d’un enfant. Oui, et oui, la Vie vaut la peine d’être défendue, protégée, aimée. A n’importe quel prix, car elle est sans prix. Eliminer en catimini un enfant dont le seul crime est de n’être pas aux normes ou copie-conforme à la commande : non plus, ça jamais ! Fabriquer des semi-orphelins qui ne connaîtront jamais leur géniteur et leur ascendance : non plus, ça jamais ! Et comment ne pas me sentir tout petit devant vous, les merveilleuses "mères-veilleuses", courageuses petites mamans qui veillez (dans le froid) des nuits entières simplement pour sauver d’avance ce mystère de la vie en son extrême fragilité, là où elle est la plus menacée, la plus méprisée : là où elle est la plus divine. Vous sentez comme personne le trésor sans prix d’un tout petit qu’on n’a pas le droit d’arracher à son premier berceau. Vos larmes de mères l’emporteront sur les armes de tout Etat totalitaire.     

            A travers vous, c’est une génération neuve qui se lève, se soulève. Sur une pelouse, un trottoir, une place. N’es-tu pas l’ambassadeur de ton peuple, de ta famille, amis, camarades qui ne peuvent t’y rejoindre, du moins ce soir ? Heureuse, bienheureuse votre génération à qui il est donné de vivre une époque aussi passionnante, des événements aussi enthousiasmants, de poser des actes aussi percutants. Pour ainsi réveiller tout un peuple de sa léthargie, de son indifférence, de sa couardise : soyez bénis ! Pour secouer nos politiciens de leurs lâchetés, nos idéologues de leurs hypocrisie et nos dirigeants de leur autisme : soyez bénis ! Pour arracher les adultes à leur confort, à leur égocentrisme et donc à leur  morosité : soyez bénis ! Nous, adultes, puissions-nous être dignes de votre courage, de votre audace, de votre détermination. Etre à la hauteur de vos cœurs.  Puissions-nous ne pas vous décevoir mais plutôt nous laisser entraîner par votre juvénile enthousiasme et, boostés par vos audaces, nous battre courageusement pour que votre voix ne soit pas bâillonnée, votre joie surtout pas étouffée, que votre Espérance ne soit pas étranglée. Oui, pour que jamais, jamais, votre génération ne sombre dans notre indifférente lassitude. Non, vous ne lâcherez pas. Vous ne faiblirez pas. Vous ne renoncerez pas. Vous ne cèderez pas. N’ayez pas peur ! C’est vous déjà les grands vainqueurs. On ne maîtrise pas longtemps un peuple par la terreur intellectuelle. On ne construit pas indéfiniment une société sur des mensonges et tôt ou tard, elle s’écroule. Et la Vérité l’emportera sur les caricatures du menteur, la Vie sur les agressions de l’homicide. Vous êtes la fierté de votre génération, l’avenir de la France, de l’Europe, de l’humanité, les vrais prophètes de notre futur, de ceux qui font advenir l’aurore après avoir étoilé nos nuits. Soyez-en bénis à jamais !


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