samedi 22 mars 2014

André Chouraqui, Retour aux racines (texte lu à la veillée du 20 mars 2014)



André Chouraqui, Retour aux racines, Entretiens avec Jacques Deschanel, 1981

- Effectivement, vous êtes, je dirais, tellement monothéiste qu'on a l'impression que vous êtes également à l'aise pour prier dans une synagogue, pour prier dans une église ou pour prier dans une mosquée. Je me souviens de vous avoir accompagné à l'office chez les religieuses dominicaines de Tréviers, j'ai été extrêmement surpris de l'attention profonde qui était la vôtre.

- La chose mérite d'être soulignée, parce que, pendant des décennies, pendant des centenaires, mes ancêtres étaient mis dans le ghetto par des sociétés, soit chrétiennes soit islamiques, qui du même coup se cloisonnaient et du même coup créaient, quant à elles-mêmes, un ghetto. Mais je pense réellement que, si nous adorons un Dieu infini, tel que nous prétendons le faire, nous devons d'abord échapper à tout cloisonnement, qu'il soit sociologique, religieux ou national, afin de retrouver nos authenticités propres, et l'authenticité propre du visage de Dieu, des « faces d'Elohim ». Lorsque je mets un écran entre Dieu et moi, quel que soit cet écran, je suis déjà ce que les théologiens juifs du Moyen Âge appelaient un idolâtre, un adorateur d'idoles. Aimer Dieu, c'est l'asymptote qui doit me conduire en dehors de tout cadre de pensée, de tout cadre créé, aux sources mêmes de l'être. En dehors de cela, on reste prisonnier du mental et asservi à ses limites.

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