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« La responsabilité de chacun implique deux actes :
vouloir savoir et oser dire. »
ABBÉ PIERRE
Saint Jean-Paul II, Discours à l'UNESCO (2 juin 1980)
Angélique Lachaume, « France, ô ma tendre patrie » (2015)
Hippolyte Taine, Origines de la France contemporaine, « Tant que l'homme ne s'intéresse qu'à soi » (1890)
Angélique Lachaume, « Prière du chef scout » (2015)
DISCOURS
DU PAPE JEAN-PAUL II
À
L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ÉDUCATION,
LA
SCIENCE ET LA CULTURE (UNESCO)
Paris, lundi 2
juin 1980
(...) La signification essentielle de la
culture consiste, selon (...) saint Thomas d’Aquin [1], dans le fait qu’elle
est une caractéristique de la vie humaine comme telle. L’homme vit d’une vie
vraiment humaine grâce à la culture. La vie humaine est culture en ce sens
aussi que l’homme se distingue et se différencie à travers elle de tout ce qui
existe par ailleurs dans le monde visible : l’homme ne peut pas se passer de
culture. (...)
(...) La culture est ce par quoi l’homme
en tant qu’homme devient davantage homme, « est » davantage, accède davantage à
l’« être ». C’est là aussi que se fonde la distinction capitale entre ce que
l’homme est et ce qu’il a, entre l’être et l’avoir. La culture se situe
toujours en relation essentielle et nécessaire à ce qu’est l’homme, tandis que
sa relation à ce qu’il a, à son « avoir », est non seulement secondaire, mais
entièrement relative. (...)
(...) La présence du Siège Apostolique
auprès de votre Organisation (...) trouve, par-dessus tout, sa raison d’être
dans le lien organique et constitutif qui existe entre la religion en général
et le christianisme en particulier, d’une part, et la culture, d’autre part.
(...) Il ne sera certainement pas exagéré d’affirmer en particulier que, à
travers une multitude de faits, l’Europe tout entière ― de l’Atlantique à
l’Oural ― témoigne, dans l’histoire de chaque nation comme dans celle de la
communauté entière, du lien entre la culture et le christianisme. (...)
En parlant (...) de la place de l’Église
et du Siège Apostolique auprès de votre Organisation, je ne pense pas seulement
à toutes les œuvres de la culture dans lesquelles, au cours des deux derniers
millénaires, s’exprimait l’homme qui avait accepté le Christ et l’Évangile, ni
aux institutions de différentes sortes qui sont nées de la même inspiration
dans les domaines de l’éducation, de l’instruction, de la bienfaisance, de
l’assistance sociale et en tant d’autres. Je pense surtout, Mesdames et
Messieurs, au lien fondamental de l’Évangile, c’est-à-dire du message du Christ
et de l’Église, avec l’homme dans son humanité même. Ce lien est en effet
créateur de culture dans son fondement même. Pour créer la culture, il faut
considérer, jusqu’en ses dernières conséquences et intégralement, l’homme comme
une valeur particulière et autonome, comme le sujet porteur de la transcendance
de la personne. Il faut affirmer l’homme pour lui-même, et non pour quelque
autre motif ou raison : uniquement pour lui-même ! Bien plus, il faut aimer
l’homme parce qu’il est homme, il faut revendiquer l’amour pour l’homme en
raison de la dignité particulière qu’il possède. (...)
(...) Les considérations que je viens de
faire montrent à l’évidence que la tâche première et essentielle de la culture
(...) est l’éducation. L’éducation consiste en effet à ce que l’homme devienne
toujours plus homme, qu’il puisse « être » davantage et pas seulement qu’il
puisse « avoir » davantage, et que par conséquent, à travers tout ce qu’il « a
», tout ce qu’il « possède », il sache de plus en plus pleinement « être »
homme. Pour cela il faut que l’homme sache « être plus » non seulement « avec
les autres », mais aussi « pour les autres ». (...)
En tant que l’Organisation mondiale la
plus compétente dans tous les problèmes de la culture, l’UNESCO ne peut pas
négliger cette autre question absolument primordiale : que faire pour que
l’éducation de l’homme se réalise surtout dans la famille ? Quel est l’état de
la moralité publique qui assurera à la famille, et surtout aux parents,
l’autorité morale nécessaire à cette fin ? Quel type d’instruction ? Quelles
formes de législation soutiennent cette autorité ou, au contraire,
l’affaiblissent ou la détruisent ? Les causes de succès et d’insuccès dans la
formation de l’homme par sa famille se situent toujours à la fois à l’intérieur
même du milieu créateur fondamental de la culture qu’est la famille, et aussi à
un niveau supérieur, celui de la compétence de l’État et de ses organes, dont
elles demeurent dépendantes. (...)
(...) Si l’on considère (...)
l’accroissement systématique de l’instruction qui se réfère uniquement à ce que
possède l’homme, n’est-ce pas l’homme lui-même qui se trouve de plus en plus
obscurci ? Cela entraîne alors une véritable aliénation de l’éducation : au
lieu d’œuvrer en faveur de ce que l’homme doit « être », elle travaille
uniquement en faveur de ce dont l’homme peut se prévaloir dans le domaine de
l’« avoir », de la « possession ». L’étape ultérieure de cette aliénation est
d’habituer l’homme, en le privant de sa propre subjectivité, à être objet de
manipulations multiples : les manipulations idéologiques ou politiques qui se
font à travers l’opinion publique ; celles qui s’opèrent à travers le monopole
ou le contrôle, par les forces économiques ou par les puissances politiques,
des moyens de communication sociale ; la manipulation, enfin, qui consiste à
enseigner la vie en tant que manipulation spécifique de soi-même. Il semble que
de tels dangers en matière d’éducation menacent surtout les sociétés à
civilisation technique plus développée. Ces sociétés se trouvent devant la
crise spécifique de l’homme qui consiste en un manque croissant de confiance à
l’égard de sa propre humanité, de la signification du fait d’être homme, et de
l’affirmation et de la joie qui en dérivent et qui sont source de création. La
civilisation contemporaine tente d’imposer à l’homme une série d’impératifs
apparents, que ses porte-parole justifient par le recours au principe du
développement et du progrès. Ainsi, par exemple, à la place du respect de la
vie, « l’impératif » de se débarrasser de la vie et de la détruire ; à la place
de l’amour qui est communion responsable des personnes, « l’impératif » du
maximum de jouissance sexuelle en dehors de tout sens de la responsabilité ; à
la place du primat de la vérité dans les actions, le « primat » du comportement
en vogue, du subjectif, et du succès immédiat. En tout cela s’exprime
indirectement une grande renonciation systématique à la saine ambition qu’est
l’ambition d’être homme. N’ayons pas d’illusions : le système formé sur la base
de ces faux impératifs, de ces renoncements fondamentaux, peut déterminer
l’avenir de l’homme et l’avenir de la culture.
Si, au nom de l’avenir de la culture, il
faut proclamer que l’homme a le droit d’« être » plus, et si pour la même
raison il faut exiger un sain primat de la famille dans l’ensemble de l’œuvre
de l’éducation de l’homme à une véritable humanité, il faut aussi situer dans
la même ligne le droit de la Nation ; il faut le placer lui aussi à la base de
la culture et de l’éducation. La Nation est en effet la grande communauté des
hommes qui sont unis par des liens divers, mais surtout, précisément, par la
culture. La Nation existe « par » la culture et « pour » la culture, et elle
est donc la grande éducatrice des hommes pour qu’ils puissent « être davantage
» dans la communauté. Elle est cette communauté qui possède une histoire
dépassant l’histoire de l’individu et de la famille. C’est aussi dans cette
communauté, en fonction de laquelle toute famille éduque, que la famille
commence son œuvre d’éducation par ce qui est le plus simple, la langue,
permettant ainsi à l’homme qui en est à ses débuts d’apprendre à parler pour
devenir membre de la communauté qu’est sa famille et sa Nation. (...)
En m’adressant à vous, Mesdames et
Messieurs, (...) je vous dis : veillez, par tous les moyens à votre
disposition, sur cette souveraineté fondamentale que possède chaque Nation en
vertu de sa propre culture. Protégez-la comme la prunelle de vos yeux pour
l’avenir de la grande famille humaine. Protégez-la ! Ne permettez pas que cette
souveraineté fondamentale devienne la proie de quelque intérêt politique ou
économique. (...)
Cette souveraineté qui existe et qui tire
son origine de la culture propre de la Nation et de la société, du primat de la
famille dans l’œuvre de l’éducation, et enfin de la dignité personnelle de tout
homme, doit rester le critère fondamental dans la manière de traiter ce
problème important pour l’humanité d’aujourd’hui qu’est le problème des moyens
de communication sociale (de l’information qui leur est liée, et aussi de ce qu’on
appelle la « culture de masse »). Vu que ces moyens sont les moyens « sociaux »
de la communication, ils ne peuvent être des moyens de domination sur les
autres, de la part des agents du pouvoir politique comme de celle des
puissances financières qui imposent leur programme et leur modèle. Ils doivent
devenir le moyen ― et quel important moyen ! ― d’expression de cette société
qui se sert d’eux, et qui en assure aussi l’existence. Ils doivent tenir compte
des vrais besoins de cette société. Ils doivent tenir compte de la culture de
la Nation et de son histoire. Ils doivent respecter la responsabilité de la
famille dans le domaine de l’éducation. Ils doivent tenir compte du bien de
l’homme, de sa dignité. Ils ne peuvent pas être soumis au critère de l’intérêt,
du sensationnel et du succès immédiat, mais, en tenant compte des exigences de
l’éthique, ils doivent servir à la construction d’une vie « plus humaine ».
(...) L’homme, qui « est plus » grâce
aussi à ce qu’il « a », et à ce qu’il « possède », doit savoir posséder,
c’est-à-dire disposer et administrer les moyens qu’il possède, pour son bien
propre et pour le bien commun. A cet effet, l’instruction est indispensable.
(...) Qu’il me soit permis de revendiquer
en ce lieu pour les familles catholiques le droit qui appartient à toutes les
familles d’éduquer leurs enfants en des écoles qui correspondent à leur propre
vision du monde, et en particulier le droit strict des parents croyants à ne
pas voir leurs enfants soumis, dans les écoles, à des programmes inspirés par
l’athéisme. Il s’agit là en effet d’un des droits fondamentaux de l’homme et de
la famille.
(...) Les établissements d’enseignement de
haut niveau, les universités et (...) les instituts spécialisés [sont des]
institutions dont il serait difficile de parler sans une émotion profonde. Ce
sont les bancs de travail, auprès desquels la vocation de l’homme à la
connaissance, ainsi que le lien constitutif de l’humanité avec la vérité comme
but de la connaissance, deviennent une réalité quotidienne, deviennent, en un
certain sens, le pain quotidien de tant de maîtres, coryphées vénérés de la
science, et autour d’eux, des jeunes chercheurs voués à la science et à ses
applications, comme aussi de la multitude des étudiants qui fréquentent ces
centres de la science et de la connaissance. Nous nous trouvons ici comme aux
degrés les plus élevés de l’échelle que l’homme, depuis le début, gravit vers
la connaissance de la réalité du monde qui l’entoure, et vers celle des
mystères de son humanité. Ce processus historique a atteint à notre époque des
possibilités inconnues autrefois ; il a ouvert à l’intelligence humaine des
horizons insoupçonnés jusque-là. (...) Autant nous édifie (...) cette marche de
la connaissance désintéressée de la vérité que le savant sert avec le plus
grand dévouement (...), autant doit nous préoccuper tout ce qui est en
contradiction avec les principes de désintéressement et d’objectivité, tout ce
qui ferait de la science un instrument pour atteindre des buts qui n’ont rien à
voir avec elle. (...)
Nous nous en rendons compte, Mesdames et
Messieurs, l’avenir de l’homme et du monde est menacé, radicalement menacé, en
dépit des intentions, certainement nobles, des hommes de savoir, des hommes de
science. Et il est menacé parce que les merveilleux résultats de leurs
recherches et de leurs découvertes, surtout dans le domaine des sciences de la
nature, ont été et continuent d’être exploités ― au préjudice de l’impératif
éthique ― à des fins qui n’ont rien à voir avec les exigences de la science, et
jusqu’à des fins de destruction et de mort, et ceci à un degré jamais connu
jusqu’ici, causant des dommages vraiment inimaginables. Alors que la science
est appelée à être au service de la vie de l’homme, on constate trop souvent
qu’elle est asservie à des buts qui sont destructeurs de la vraie dignité de
l’homme et de la vie humaine. C’est le cas lorsque la recherche scientifique
elle-même est orientée vers ces buts ou quand ses résultats sont appliqués à
des fins contraires au bien de l’humanité. Ceci se vérifie aussi bien dans le
domaine des manipulations génétiques et des expérimentations biologiques que
dans celui des armements chimiques, bactériologiques ou nucléaires. (...)
Mesdames et Messieurs, le monde ne pourra
pas poursuivre longtemps sur cette voie. À l’homme qui a pris conscience de la
situation et de l’enjeu, qui s’inspire aussi du sens élémentaire des
responsabilités qui incombent à chacun, une conviction s’impose, qui est en
même temps un impératif moral : il faut mobiliser les consciences ! Il faut
augmenter les efforts des consciences humaines à la mesure de la tension entre
le bien et le mal à laquelle sont soumis les hommes (...). Il faut se
convaincre de la priorité de l’éthique sur la technique, du primat de la
personne sur les choses, de la supériorité de l’esprit sur la matière [2]. La
cause de l’homme sera servie si la science s’allie à la conscience. L’homme de
science aidera vraiment l’humanité s’il conserve « le sens de la transcendance
de l’homme sur le monde et de Dieu sur l’homme » [3]. (...) Je m’adresse à vous
au nom de cette menace terrible qui pèse sur l’humanité, et, en même temps, au
nom de l’avenir et du bien de cette humanité dans le monde entier. Et je vous
supplie : déployons tous nos efforts pour instaurer et respecter, dans tous les
domaines de la science, le primat de l’éthique. (...)
Il m’a été donné (...) aujourd’hui (...)
de vous dire, (...) à vous qui travaillez pour le bien et pour la
réconciliation des hommes et des peuples à travers tous les domaines de la
culture, de l’éducation, de la science et de l’information, de vous dire et de
vous crier du fond de l’âme : Oui ! l’avenir de l’homme dépend de la culture !
Oui ! la paix du monde dépend de la primauté de l’Esprit ! Oui ! l’avenir
pacifique de l’humanité dépend de l’amour ! (...)
--------------------------------------------
[1] Cf. Saint
Thomas d'Aquin, Commentaire des seconds Analytiques d'Aristote, n.1
[2] Cf. Redemptor
Hominis, n.16.
[3] Discours
à l'Académie Pontificale des Sciences, 10 novembre 1979, n.4.
Le texte
intégral du discours est disponible sur le site du Vatican : http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/speeches/1980/june/documents/hf_jp-ii_spe_19800602_unesco.html
***************
Académie
des Jeux floraux de Toulouse
Palmarès
2015
FRANCE, Ô
MA TENDRE PATRIE
POÈME
AYANT MERITÉ
L’ATTRIBUTION
DU PRIX DES
JEUNES POÈTES DE 16 À 26 ANS
À
ANGÉLIQUE
LACHAUME
ÉTUDIANTE EN
LETTRES CLASSIQUES
À L’UNIVERSITÉ
JEAN-JAURÈS DE TOULOUSE
Quand dans les
feux brûlants de combats inégaux
Tu seras
consumée comme branche dans l’âtre,
Quand la morne
tristesse du monde nouveau
Aura rendu désuet
le chant du jeune pâtre,
Je t’aimerai, ma
France, ô ma tendre patrie.
Quand les vents
froids et durs de la révolution
Souffleront sans
répit sur ton âme vieillie,
Quand il faudra
marcher droit dans la tradition
Pour soutenir
ton bras qui parfois s’affaiblit,
Je t’aimerai, ma
France, ô ma tendre patrie.
Quand tous mes
compagnons de route et de combat
Fléchiront le
genou face au mauvais seigneur,
Quand les vents
de l’oubli éloigneront les pas
De ceux qui
t’ont juré fidélité, honneur,
Je t’aimerai, ma
France, ô ma tendre patrie.
Je voudrais
chaque jour t’aimer comme un amant
Dont le cœur
tout entier ne bat que pour ton nom,
Je voudrais pour
ta gloire avoir versé mon sang
Dans le feu des
combats d’un de tes bataillons,
Car je t’aime,
ma France, ô ma tendre patrie.
Je voudrais te
servir comme un jeune soldat,
Comme une pieuse
mère au chevet de l’enfant,
Me dévouer
chaque jour autant à tes combats
Qu’à panser tes
blessures et tes vieux tourments,
Car je n’ai
qu’un amour, c’est ma tendre patrie.
***************
Hippolyte Taine, « Tant que l'homme ne s'intéresse qu'à soi », extrait des Origines
de la France contemporaine, 1890.
Tant qu'un homme
ne s'intéresse qu'à soi, à sa fortune, à son avancement, à son succès personnel
propre, il s'intéresse à bien peu de chose : tout cela est de médiocre
importance et de courte durée, comme lui-même. À côté de cette barque qu'il
conduit avec tant de soins, il y en a des milliers et des millions d'autres, de
structure pareille et de taille à peu près égale : aucune d'elles ne vaut
beaucoup, et la sienne ne vaut pas davantage. De quelque façon qu'il
l'approvisionne et la manœuvre, elle restera toujours ce qu'elle est, étroite
et fragile ; il a beau la pavoiser, la décorer, la pousser aux premiers rangs :
en trois pas, il en a fait le tour. C'est en vain qu'il la répare et la ménage
; au bout de quelques années, elle fait eau ; un peu plus tôt, un peu plus
tard, elle s'effondre, elle va s'engloutir, et avec elle périra tout le travail
qu'elle a coûté. Est-il raisonnable de tant travailler pour elle, et un si
mince objet vaut-il la peine d'un si grand effort ?... Heureusement, pour mieux
placer son effort, l’homme a d'autres objets plus vastes et plus solides, une
famille, une commune, une Église, une patrie, toutes les associations dont il
est ou devient membre, toutes les entreprises collectives de science,
d'éducation, de bienfaisance, d'utilité locale ou générale, la plupart pourvues
d'un statut légal et constituées en corps ou même en personnes civiles, aussi bien
définies et protégées que lui, mais plus précieuses et plus viables, car elles
servent beaucoup d'hommes et durent indéfiniment ; même quelques-unes ont une
histoire séculaire, et la longueur de leur passé présage la longueur de leur
avenir. Dans l'innombrable flottille des esquifs qui sombrent incessamment, et
incessamment sont remplacés par d'autres, elles subsistent comme des vaisseaux
de haut bord : sur ces gros bâtiments, chaque homme de la flottille monte de
temps en temps pour y travailler, et cette fois l'œuvre qu'il produit n'est pas
caduque, éphémère, comme l'ouvrage qu'il fait chez lui ; elle surnagera après
qu'il aura disparu, lui et son esquif ; elle est entrée dans une œuvre commune
et totale qui se défend par sa masse. Sans doute, ce qu'il y insère pourra plus
tard être remanié ; mais la substance en demeure, et parfois aussi la forme :
tel précepte de Jésus, tel théorème d'Archimède reste une acquisition
définitive, intacte et clouée en place depuis deux mille ans, immortelle dès le
premier jour. – Par suite, l'individu peut s'intéresser, non plus seulement à
sa barque, mais encore à un navire, à tel ou tel navire, à telle société ou
communauté, selon ses préférences et ses aptitudes, selon l'attrait, la
proximité ou la commodité d'accès, et voilà un nouveau ressort d'action
antagoniste au premier. Si fort que soit le premier, parfois le second prévaut
; c'est que l'âme est très généreuse ou préparée par une longue discipline
spéciale : de là tous les sacrifices, la donation de soi-même à une œuvre ou à
une cause, le dévouement de la sœur de charité et du missionnaire, l’abnégation
du savant qui s'ensevelit pendant vingt ans dans les minuties d'une besogne
ingrate, l’héroïsme de l'explorateur qui risque sa vie dans le désert ou parmi
les sauvages, le courage du soldat qui se fait tuer pour défendre son drapeau.
Mais ces cas sont rares ; chez le plus grand nombre d'hommes et dans le plus
grand nombre de leurs actes, l'intérêt personnel l'emporte sur l'intérêt
commun, et, contre l'instinct égoïste, l'instinct social est faible. - C'est
pourquoi il est dangereux de l'affaiblir ; l'individu n'est que trop tenté de
préférer sa barque au navire ; si l'on veut qu'il y monte et qu'il y travaille,
il faut lui fournir des facilités et des motifs pour y monter et pour y
travailler ; à tout le moins, il ne faut pas lui en ôter. Or cela dépend de
l'État, sorte de vaisseau amiral et central, seul armé, qui tient sous ses
canons tous les navires subordonnés ; car, quelle que soit la société,
provinciale ou municipale, enseignante ou hospitalière, religieuse ou laïque,
c'est l'État qui en fabrique ou en adopte le statut, bon ou mauvais, et qui,
par ses lois, ses tribunaux et ses gendarmes, en procure l'exécution, stricte
ou lâche. Partant, sur cet article, il est responsable ; à lui d'agréer ou
d'imposer le bon statut, la forme sociale la plus propre à fortifier l'instinct
social, à entretenir le zèle désintéressé, à encourager le travail volontaire
ou gratuit.
***************
PRIÈRE DU
CHEF SCOUT
HYMNE À LA VIERGE
AYANT MERITÉ
L’ATTRIBUTION
D’UN LYS
D’ARGENT
À
ANGÉLIQUE
LACHAUME
ÉTUDIANTE EN
LETTRES CLASSIQUES
À L’UNIVERSITÉ
JEAN-JAURÈS DE TOULOUSE
Notre Dame de
France, écoutez ma prière,
Je viens vous
demander – après tout, trois fois rien –
De veiller aujourd’hui,
et demain, comme hier,
Sur l’âme des
enfants dont je suis le gardien.
Vous avez
surmonté la douleur indicible
De voir le divin
Fils élevé sur la croix,
N’est-ce pas un
repos, un labeur bien paisible,
D’ouvrir votre
manteau pour les garder du froid ?
Car les hivers
sont rudes au pays de France,
Les vents se
font glaçants sur les âmes chrétiennes,
Et je ne
voudrais pas que face à la souffrance
Ces pieux
enfants oublient leur tendre Souveraine.
Faites-en les
héros d’un morne quotidien,
Les humbles
héritiers du flambeau de la foi,
Mais pour cela,
Marie, pour qu’ils deviennent saints,
Je n’ai qu’une
prière : sanctifiez-moi.
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