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Testament de Louis XVI (extraits)
Paul Verlaine, Sagesse, I, 16 « Écoutez la chanson bien douce »
Anselm Grün, Choisis la vie ! Le courage de se décider (2012)
Blaise Pascal, Pensées, « Il est juste que ce qui est juste soit suivi »
Testament (texte intégral)
Au nom de la
très sainte Trinité, du Père, du Fils et du saint Esprit. Aujourd’hui,
vingt-cinquième de décembre mil sept cent quatre vingt douze, moi Louis, XVIème
du nom, roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille
dans la tour du Temple à Paris par ceux qui étaient mes sujets et privé de
toute communication quelconque, même, depuis le onze du courant, avec ma
famille, de plus, impliqué dans un procès dont il est impossible de prévoir
l’issue à cause des passions des hommes et dont on ne trouve aucun prétexte ni
moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées,
et Auquel je puisse m’adresser, je déclare ici, en sa présence, mes dernières
volontés et mes sentiments.
Je laisse mon
âme à Dieu mon créateur et je Le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne
pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de notre Seigneur Jésus Christ
qui S’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes, quelque
indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans
l’union de notre sainte mère l’Église catholique, apostolique et romaine, qui
tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de saint Pierre auquel
J.C. les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est
contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les
sacrements et les mystères tels que l’Église catholique les enseigne et les a
toujours enseignés. Je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes
manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de J.C., mais je m’en
suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m’accorde vie, aux décisions que
les supérieurs ecclésiastiques unis à la sainte Église catholique donnent et
donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis J.C. Je plains
de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends
pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en J.C., suivant ce que la
charité chrétienne nous l’enseigne.
Je prie Dieu de
me pardonner tous mes péchés, j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à
les détester et à m’humilier en Sa présence, ne pouvant me servir du ministère
d’un prêtre catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je Lui en ai
faite, et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom (quoique
cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la
discipline et à la croyance de l’Église Catholique à laquelle je suis toujours
resté sincèrement uni de cœur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où
je suis, s’Il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du
ministère d’un prêtre catholique pour m’accuser de tous mes péchés et recevoir
le sacrement de pénitence.
Je prie tous
ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas
d’avoir fait sciemment aucune offense à personne) ou à ceux à qui j’aurais pu
avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu’ils
croient que je peux leur avoir fait.
Je prie tous
ceux qui ont de la charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de
Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de
tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné
aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un
faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à
Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui
me sont attachés par les liens du sang ou par quelque autre manière que ce
puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur
ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de
les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront
dans ce monde périssable.
Je recommande
mes enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour
eux ; je lui recommande surtout d’en faire de bons chrétiens et d’honnêtes
hommes, de ne leur faire regarder les grandeurs de ce monde-ci, s’ils sont
condamnés à les éprouver, que comme des biens dangereux et périssables, et de
tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’éternité. Je
prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants et de leur
tenir lieu de mère, s’ils avaient le malheur de perdre la leur.
Je prie ma femme
de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je
pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être
sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se
reprocher.
Je recommande
bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher
avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère
et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux et
en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Je recommande à
mon fils, s’il avait le malheur de devenir roi, de songer qu’il se doit tout
entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout
ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins
que j’éprouve. Qu’il ne peut faire le bonheur des peuples qu’en régnant suivant
les lois, mais en même temps qu’un roi ne peut les faire respecter, et faire le
bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire et
qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il
est plus nuisible qu’utile.
Je recommande à
mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étaient attachées, autant
que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de
songer que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfants ou les
parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux
pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient
attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient et
qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne (souvent, dans les
moments de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je
prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur.
Je voudrais
pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m’ont montré un véritable
attachement et désintéressé. D’un côté, si j’étais sensiblement touché de
l’ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n’avais jamais témoigné que
des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l’autre, j’ai eu de la
consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes
m’ont montrés. Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements ; dans la
situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je
parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de
chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
Je croirais
calomnier cependant les sentiments de la nation, si je ne recommandais
ouvertement à mon fils messieurs de Chamilly et Hue, que leur véritable
attachement pour moi avait portés à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour,
et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi
Cléry, des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec
moi. Comme c’est lui qui est resté avec moi jusqu’à la fin, je prie messieurs
de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse et
les autres petits effets qui ont été déposés au conseil de la Commune.
Je pardonne
encore très volontiers a ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les
gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes
sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur cœur de la
tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.
Écoutez la
chanson bien douce
Je prie
messieurs de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes
remerciements et l’expression de ma sensibilité pour tous les soins et les
peines qu’ils se sont donnés pour moi.
Je finis en
déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant Lui, que je ne me reproche
aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
Fait double à la
tour du Temple le 25 décembre 1792.
Louis
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Écoutez la
chanson bien douce
Écoutez la
chanson bien douce
Qui ne pleure
que pour vous plaire,
Elle est
discrète, elle est légère :
Un frisson d'eau
sur de la mousse !
La voix vous fut
connue (et chère ?)
Mais à présent
elle est voilée
Comme une veuve
désolée,
Pourtant comme
elle encore fière,
Et dans les
longs plis de son voile,
Qui palpite aux
brises d'automne.
Cache et montre
au cœur qui s'étonne
La vérité comme
une étoile.
Elle dit, la
voix reconnue,
Que la bonté
c'est notre vie,
Que de la haine
et de l'envie
Rien ne reste,
la mort venue.
Elle parle aussi
de la gloire
D'être simple
sans plus attendre,
Et de noces d'or
et du tendre
Bonheur d'une
paix sans victoire.
Accueillez la
voix qui persiste
Dans son naïf
épithalame.
Allez, rien
n'est meilleur à l'âme
Que de faire une
âme moins triste !
Elle est en
peine et de passage,
L'âme qui
souffre sans colère,
Et comme sa
morale est claire !...
Écoutez la
chanson bien sage.
Paul VERLAINE
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Anselm Grün,
Choisis la vie ! Le courage de se décider (2012)
Tout ce que nous
faisons à des répercussions sur le monde. Chacune des pensées que nous
exprimons produit un effet. Albert Einstein a dit un jour :
" Une fois
qu'on a formulé une pensée, on ne peut plus la rattraper. " Elle se
déploie dans les esprits et, par voie de conséquence, dans la société toute
entière. Même nos décisions quotidiennes agissent sur notre entourage. Si nous
choisissons la joie ou le déplaisir, nous ne sommes pas seuls concernés. Notre
choix se communique aux autres et, à travers eux, au monde entier. Voilà
pourquoi, par nos décisions quotidiennes - qu'il s'agisse d'actions, de pensées
ou de sentiments - nous engageons notre responsabilité à l'égard de nous-mêmes
et du monde.
Cela signifie
aussi que, par nos décisions, nous produisons un effet sur notre monde. Nos
pensées, nos sentiments, nos œuvres, notre rayonnement, tout cela agit. Dès
lors, il n'est pas indifférent que nous soyons guidés par des pensées
agressives et destructrices ou que nous tâchions d'être en accord avec
nous-mêmes. Par ce que nous faisons, par ce que nous sommes, nous creusons un
sillon en ce monde. Nos actes et nos pensées nous mettent toujours en rapport
avec d'autres. Il est de notre devoir de rendre ce monde plus humain et plus
aimant. C'est déjà ce que disait Sophocle dans sa tragédie Antigone, où il
rappelait les hommes à leur responsabilité : " Je ne suis pas là pour
haïr, mais pour aimer ". Telle est l'alternative. Si nous choisissons
l'amour, nous ferons du bien aux autres. Si nous optons pour la haine, nous
engendrerons les désastres.
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Il est juste que
ce qui est juste soit suivi (Blaise Pascal, Pensées)
Il est juste que
ce qui est juste soit suivi ; il est nécessaire que ce qui est fort soit suivi.
La justice sans force est impuissante ; la force sans la justice est
tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu’il y a toujours des
méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble
la justice et la force et pour cela faire en sorte que ce qui est juste soit
fort, ou que ce qui est fort soit juste.
La justice est
sujette à dispute, la force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on
n’a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice
et a dit qu’elle était injuste, et a dit que c’était elle qui était juste. Et
ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est
fort fût juste… Ne pouvant faire qu’il soit force d’obéir à la justice, on a
fait qu’il soit juste d’obéir à la force ; ne pouvant fortifier la justice, on
a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la
paix fût, qui est le souverain bien.
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