vendredi 16 août 2013

Textes lus lors de notre 15ème veillée - 16 août 2013

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Henri VII, Comte de Paris et Duc de France, Paroles de Princes (3 mai 2013), « Notre civilisation est détricotée au forceps » (extraits)
Hymne aux veilleurs
Dostoïevski, extrait de Les Frères Karamazov

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« Notre Civilisation est détricotée au forceps » 

Notre civilisation est un corpus de coutumes, de cultures, d'apprentissages pour ce qu'il en est, par exemple, de l'agriculture, des arts selon les canons du beau, du bon et du juste et qui évoluent strates après strates, siècles après siècles. Toutes civilisations s'appuient sur la tradition qui est à son tour poussée par les siècles, telles les vagues de l'océan. Elle se forge au fil de l'expérience, de la connaissance et progresse vers le haut pour ne pas dépérir et se flétrir ainsi qu'une branche qui meurt. L'axe de ses valeurs, tronc immuable, plonge ses racines dans l'apprentissage de chacun et comporte ainsi un lien avec le cosmos, dans la part insondable de l'âme et de l'esprit de chaque être, dont la somme a forgé notre civilisation judéo-chrétienne. Or en ces instants nous subissons plus que nous ne le vivons l'action de scarabées, les lucanes cerfs-volants. Ils grignotent, grignotent le tronc de notre civilisation qui bientôt pourrait s'effondrer en poussière, et nous n'y pouvons rien, puisque ces scarabées sont sourds, aveugles et muets.

La modernité actuelle devient triste, laide et asphyxiante. Peu s'y reconnaissent et attendent encore le "miracle". Le progrès, le mondialisme ont métamorphosé nos existences et ne servent qu'une caste de plus en plus riche tandis que les "ilotes" qui produisent ces richesses deviennent de plus en plus pauvres, exploités à mort, ce qui ne semble susciter aucun intérêt. Au final ils sont engloutis par un chômage devenu incontrôlable... Le progrès pour le progrès, la société de consommation, la civilisation du kleenex jetable engendrent des "bulles" monstrueuses qui nous éclatent à la figure et fissurent les liens sociaux, économiques et même politiques, puisque ces derniers ne peuvent prendre de décision sans en demander la permission à des instances supérieures coupées de toute réalité humaine et tenues en sous-main par des groupes d'intérêt, des lobbies financiers et industriels confondus. Alors le monde politique perd toute humanité et bien trop souvent, pour ce qui nous concerne, le sens du service de la France et des Français.

Les gens de la rue, les peuples de France ressentent et commencent à comprendre ce qui se passe, ils réagissent en s'abstenant de voter, ce qui n'est pas la meilleure façon de répondre à la privation des libertés, ou bien manifestent pacifiquement dans la rue leur rejet et se font traiter de fachos... Tandis que les élites politiques, médiatiques, économiques et financières continuent de se chamailler sur des sujets qui n'intéressent que leur propre vanité de paraître. Peut être nous faudra-t-il plonger au fond des "écuries d'Augias" pour pouvoir les nettoyer comme le fit Hercule, le demi-dieu révéré par les anciens Grecs. En attendant ce moment, la France souffre. Deviendrons-nous orphelins de ce pays que nous aimons tant et qui risque d'être dilué par la tourmente ? Souvenez-vous du poète Joachim du Bellay, momentanément à Rome sous la "Renaissance", qui écrivait sa nostalgie par ce poème qui finissait ainsi : "plus me plaît mon petit Liré que le mont Palatin". Plus proche de nous Charles Trenet chantait : "Douce France, cher pays de mon enfance", et Charles Péguy, grand écrivain, immortalisait la magnifique cathédrale de Chartres qui se mirait au loin dans les blés de la Beauce...

Lorsqu'un enfant va naître il se retourne dans le ventre de sa mère. Bientôt il quittera un monde protégé et clos pour s'affronter au monde. Demain il nous faudra opérer ce terrifiant retournement pour construire ce nouvel avenir qui dépendra de nous tous Françaises et Français, mais aussi de tous les peuples de la Terre. Non pour construire un monde identique et encore plus terrifiant (...) dans lequel l'humanité aura abdiqué de toutes ses libertés, un monde gouverné par le Grand Ordinateur, régi par le Ministère de l'Amour Programmé, ou le Ministère de la Bonne Conduite qui surveillera vos faits et gestes d'esclaves jusque dans votre salle de bains. (...) Pour inventer l'avenir il ne suffit pas d'abolir les ordres établis, il faudra rétablir une nouvelle société à partir des racines anciennes qui, elles, demeurent pérennes et, sans pour autant, faire retour en arrière, telle me parait devoir être la nouvelle équation.

Nous somme dans ce moment "M" où nous avons encore les pieds dans un marécage boueux, mais peut-être déjà la tête et l'esprit clairs. (...) N'oublions pas que la politique comme l'économie sont faites pour l'Homme et non l'inverse. Une cathédrale ne se construit pas à partir de sa clef de voûte, mais bien sûr par sa base et plus précisément en orientant la pierre angulaire. Ce monument doit être édifié selon la divine proportion ainsi que nous l'indique Léonard de Vinci. Les Pyramides et le Parthénon sont toujours là pour nous le rappeler. L'Histoire nous rappelle que la France a su s'extraire de situations terribles : guerres de religions, guerres meurtrières, génocides fratricides sanglants. Je me sens fier de la France, je suis au côté de mes compatriotes qui, au sortir de l'épreuve, ont su faire preuve d'intelligence, d'un immense courage et de solidarité pour se redresser afin de vivre libres et laisser vivre.

Le 3 mai 2013

Henri VII, Comte de Paris et Duc de France.

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Hymne aux veilleurs

Il y eut un souffle puis un feu vacillant,
Il y eut un cri noir puis une nuit sans étoiles,
Il y eut un pouvoir puis des cœurs que l’on voile,
Et l’injustice revint vieille de mille ans.

Dans cette tempête l’homme impuissant se tait,
Se laissant bercer, las, dans les flots mensongers.
Et la flamme fragile au milieu des dangers,
Disparaît sans un bruit dans les âmes fouettées.

Combien de temps encor serons nous ignorés ?
Combien faut-il de braises pour être brasier ?
Que fait la justice pour les corps suppliciés ?
Et toi, où t’endors tu Vérité adorée ?

C’est alors qu’il survient, debout, raide et sublime,
Le regard vers les cieux, cherchant l’ultime braise,
Ce Prométhée nouveau du haut de sa falaise
Devient humble veilleur, éclairant les abîmes.

Et c’est ainsi France que tes villes renaissent
Derrière le guide qui jamais ne s’enfuit,
Et c’est ainsi Monde que ta haine s’enfouit
Grâce au veilleur d’amour qui jamais ne délaisse.

Un fleuve lumineux s’est remis à couler,
Et sur ses rives d’or les hommes se relèvent,
Veilleurs, Veilleuses un grand vent vient et se lève
Il porte avec lui le parfum des révoltés.

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Dostoïevski, Les Frères Karamazov (extrait)

Le monde a proclamé la liberté, ces dernières années surtout ; mais que représente cette liberté ? Rien que l’esclavage et le suicide !
Car le monde dit : « Tu as des besoins, assouvis-les, tu possèdes les même droits que les grands, et les riches. Ne crains donc pas de les assouvir, accrois-les même. »
Voilà ce qu’on enseigne maintenant.
Telle est la conception de la liberté.
Et que résulte-t-il de ce droit à accroître les besoins ?
Chez les riches, la solitude et le suicide spirituel ; chez les pauvres, l’envie et le meurtre, car on a conféré des droits, mais on n’a pas encore indiqué les moyens d’assouvir les besoins.
On assure que le monde, en abrégeant les distances, en transmettant la pensée dans les airs, s’unira toujours davantage, que la fraternité régnera.
Hélas ! ne croyez pas à cette union des hommes.
Concevant la liberté comme l’accroissement des besoins et leur prompte satisfaction, ils altèrent leur nature, car ils font naître en eux une foule de désirs insensés, d’habitudes et d’imaginations absurdes.
Ils ne vivent que pour s’envier mutuellement, pour la sensualité et l’ostentation. […]
Rien d’étonnant à ce que les hommes aient rencontré la servitude au lieu de la liberté, et qu’au lieu de servir la fraternité et l’union ils soient tombés dans la désunion et la solitude.
Aussi l’idée de dévouement à l’humanité, de la fraternité, de la solidarité disparaît-elle graduellement dans le monde ; en réalité, on l’accueille même avec dérision, car comment se défaire de ses habitudes, où ira ce prisonnier des besoins innombrables que lui-même a inventés ?
Dans la solitude, il se soucie fort peu de la collectivité.
En fin de compte, les biens matériels se sont accrus et la joie a diminué.

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