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Henri VII, Comte de Paris et Duc de France, Paroles de Princes (23 avril 2013), « Sommes-nous encore en démocratie et pour combien de temps ? » (extraits)
Andrée Chedid, « L'Espérance »
Antonio Gramsci, « Je hais les indifférents »
Victor Hugo, La Légende des siècles, « Après la bataille »
« Sommes-nous
encore en démocratie et pour combien de temps ? »
La violence
brutale infligée à une majorité de Français serait-elle une provocation ?
Sinon, avons-nous les moyens d'y répondre ? Lesquels ? Lorsqu'on ose faire
voter à main levée, comme sous la Terreur, lors de la révolution de 1792, des
lois d'exception pour arracher au bulldozer les racines de notre civilisation
judéo-chrétienne, il y a violence faite à la démocratie mais aussi à l'âme et
au cœur des Français, à leur culture millénaire. La haine et l'incompréhension
creusent alors leurs sillons au sein du peuple de France. Une gouvernance
annoncée comme normale pourrait apparaître, au bout d'un an, comme l'antique
Moloch, idole carthaginoise : on faisait périr dans les flammes de cette idole,
constamment entretenues, les opposants, permettant alors aux fragiles
gouvernances de l'époque de croire pouvoir ainsi éteindre par le feu toute
angoisse de leur propre avenir. Après, il n'y aurait plus que cendres et fumée
; lorsqu'on refuse d'écouter les justes revendications, comme les besoins d'un
peuple, et que dans le même temps on laisse croître de façon incontrôlable la
dette, le chômage et donc la misère, il y a violence faite à la personne.
Nous ne sommes
pas homophobes pour la plupart d'entre nous. Mais certains médias, serviteurs
zélés du pouvoir, font volontiers l'amalgame, opposant leurs certitudes
artificielles dans un politiquement correct, avec nos sources vitales et notre
croyance en la "royauté de l'homme". Ils trichent avec eux-mêmes et
avec le vrai de la réalité de ce qui est. Chacun a le droit de mener sa vie
comme il l'entend et comme cela s'est fait depuis des temps immémoriaux jusqu'à
nos jours, sans tambour ni trompette. Oui, nous respectons le choix de vie de
nos amis. C'est leur droit et il faut le protéger. Mais nous ne souhaitons pas
que nos principes soient déviés, qu'ils soient totalement et officiellement
inversés, condamnés sans référendum.
La liberté de
chacun est un bien trop précieux pour l'abandonner à quelques dictatures que ce
soient. Car une liberté axée uniquement sur un plaisir personnel, qui n'aurait
pas à cœur d'en comprendre les tenants et les aboutissants et ce qui pourrait
en résulter, aura tendance à s'exercer au détriment de la liberté des autres.
Le grand poète Paul Valéry écrivait : "la liberté de chacun s'achève où
commence celle de l'autre." En écrivant cela, nous pensons bien évidemment
aux enfants qui pourraient se trouver doublement orphelins et privés du sens de
leur vie à venir et à construire. Ne nous laissons pas instrumentaliser par
ceux qui ne pensent qu'à eux-mêmes et au plaisir qu'ils en auraient. Un bébé à
faire naître artificiellement pourrait-il être comparable à un animal de
compagnie que l'on achèterait ? (...)
Lorsqu'en outre
l'éducation nationale est confiée, au plus haut niveau, à des fossoyeurs (peut
être de bonne volonté) qui déjà envisagent toutes sortes d'expériences sur les
embryons, devenus cobayes dans le ventre de leur mère, il y a violence faite à
l'être humain au prétexte de la science et de son expérimentation. (...)
Aujourd'hui nous sommes profondément tristes, nous sommes également soumis à
l'obligation de nous confronter à certains régimes totalitaires qui vont à
l'encontre des droits de l'homme, des droits de la personne humaine dont on
oublie trop souvent la part de sacré, d'âme.
En parallèle de
ces sombres tableaux, il existe pourtant dans toute la France des jeunes et des
moins jeunes, des Français et des Françaises de toutes origines, de toutes
conditions, de toutes confessions, parfois d'aucune confession, de toutes
couleurs, qui parcourent les rue de nos villes pour crier leur incompréhension
de ce "viol" face aux diktats qui tentent de pousser la France vers l'abîme.
La seule réponse adaptée, mais d'une force incompressible, qu'ils aient trouvée
est et doit rester la non-violence (...). J'admire cette magnifique jeunesse,
dans ce mai 68 remis à l'endroit en mai 2013, ces veilleurs non-violents qui
donnent l'exemple de leur force tranquille, de leur abnégation déterminée, de
leur respect d'autrui, celui de la dignité de chaque être et le rejet de
l'exaspération et de la colère.
Marcher sur le
fil tranchant de la non-violence n'est en effet pas facile dans ce monde plein
de violence. Seuls la force intérieure et l'amour de l'autre peuvent désarmer
l'implacabilité retorse et glaciale qui vous est opposée. Si on se laisse
emporter par la colère, on prend le risque non assumé de répondre œil pour œil.
Alors, nous dit le Mahatma Gandhi, "le monde deviendrait aveugle". Je
vous laisse méditer en conclusion sur cette réflexion de Mère Térésa : "le
fruit du silence est la prière... le fruit de la prière est la foi... le fruit
de la foi est l'amour... le fruit de l'amour est le service... le fruit du
service est la paix".
Le 23 avril 2013
Henri VII, Comte
de Paris et Duc de France.
***************
Andrée Chedid, «
L'Espérance »
J'ai ancré
l'espérance
Aux racines de
la vie
Face aux
ténèbres
J'ai dressé des
clartés
Planté des
flambeaux
À la lisière des
nuits
Des clartés qui
persistent
Des flambeaux
qui se glissent
Entre ombres et
barbaries
Des clartés qui
renaissent
Des flambeaux
qui se dressent
Sans jamais
dépérir
J'enracine
l'espérance
Dans le terreau
du cœur
J'adopte toute
l'espérance
En son esprit
frondeur.
***************
Antonio Gramsci,
« Je hais les indifférents »
« Je hais les
indifférents. Pour moi, vivre veut dire prendre parti. Qui vit vraiment ne peut
ne pas être citoyen et parti prenant. L'indifférence est apathie, elle est
parasitisme, elle est lâcheté, elle n'est pas vie.
C'est pourquoi
je hais les indifférents. L'indifférence est le poids mort de l'histoire. C'est
la boule de plomb pour le novateur, c'est la matière inerte dans laquelle
souvent se noient les enthousiasmes les plus radieux, c'est le marécage qui
ceint la vieille cité et la défend mieux que les murailles les plus fermes,
mieux que ses guerriers, car elle enlise ses assaillants dans ses gouffres
boueux, limoneux, et elle les décime et les démoralise et quelques fois elle
les oblige à renoncer à leur entreprise héroïque.
L'indifférence
opère énergiquement dans l'histoire. Elle opère passivement, mais elle opère.
C'est la fatalité ; c'est sur quoi l'on ne peut compter ; c'est ce que
bouleverse les programmes, renverse les plans les mieux construits ; c'est la
matière brute qui se rebelle à l'intelligence et l'étrangle. Ce qui se passe,
le mal qui s'abat sur tous, le bien possible qu'un acte héroïque (de valeur
universelle) peut provoquer, tout ça revient moins à l'initiative de quelques
personnes qui agissent qu'à l'indifférence, à l'absentéisme de la majorité.
Ce qui arrive,
arrive non pas parce que certains veulent qu'il arrive, mais parce que la
majorité abdique sa volonté, laisse faire, laisse se grouper les nœuds
qu'ensuite seule l'épée pourra couper, laisse promulguer les lois qu'ensuite
seule la révolte fera abroger, laisse aller au pouvoir les hommes qu'ensuite
seul un mutinement pourra renverser.
La fatalité qui
semble dominer l'histoire n'est que l'apparence illusoire de cette
indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent à l'ombre, juste quelques
mains, à l'abri de tout contrôle, tissent la toile de la vie collective, et la
masse ignore, car elle ne s'en soucie point. Les destins d'une époque sont
manipulés selon des vues étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des
passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse ignore, car elle ne
s'en soucie point.
Mais les faits
qui ont mûri aboutissent à leur fin ; mais la toile tissée à l'ombre
s'accomplit : et alors il semble que c'est la fatalité qui emporte tout et
tous, il semble que l'histoire n'est pas un énorme phénomène naturel, une
irruption, un séisme, dont tous restent victimes, qui a voulu et qui n'a pas
voulu, qui savait et qui ne savait pas, qui a été actif et qui indifférent.
Ce dernier
s'irrite, il voudrait échapper aux conséquences, il voudrait qu'il soit clair
que lui n'y était pour rien, qu'il n'était point responsable.
Certains
pleurnichent piteusement, d'autres blasphèment avec obscénité, mais personne ou
peu de personnes se demandent : si j'avais moi aussi fait mon devoir, si
j'avais cherché à faire valoir ma volonté, mon conseil, serait-il advenu ce qui
est advenu ? Mais personne ou peu de personnes se sentent responsables de leur
indifférence, de leur scepticisme, du fait de ne pas avoir offert leurs bras et
leur activité à ces petits groupes de citoyens qui luttaient justement pour
éviter tel mal et procurer tel bien.
La plupart de
ceux-ci par contre, à événements accomplis, préfèrent parler de faillite des
idéaux, de programmes définitivement écroulés et d'autres agréableries
pareilles. Ainsi recommencent-ils leur absence de toute responsabilité. Et ce
n'est pas vrai qu'ils ne voient pas clair dans les choses, et que parfois ils
ne soient pas capables d'avancer de très belles solutions pour des problèmes
plus urgents, ou pour ceux qui, bien qu'ils demandent une ample préparation et
du temps, sont toutefois pareillement urgents.
Mais ces
solutions restent très bellement infécondes, et cette contribution à la vie
collective n'est animée d'aucune lumière morale ; elle est le produit de la
curiosité intellectuelle, pas d'un piquant sens d'une responsabilité historique
qui veut que tous soient actifs dans la vie, qui n'admet pas agnosticismes et
indifférences d'aucun genre. Je n'aime pas les indifférents aussi à cause de
l'embêtement que me provoquent leurs pleurnichements d'éternels innocents. Je
demande des comptes à chacun d'eux : comment il s'est acquitté des tâches que
la vie lui propose quotidiennement ? qu'est-ce qu'il a fait et plus
particulièrement qu'est-ce qu'il n'a pas fait ? Je sens de pouvoir être
inexorable, de ne pas devoir gaspiller ma pitié, de ne pas devoir partager avec
eux mes larmes.
Je suis parti
prenant, je vis, je sens déjà pulser dans les consciences viriles de ma part
l'activité de la cité future que ma part est déjà en train de construire. Et en
elle la chaîne sociale ne pèse pas sur peu de personnes, en elle chaque chose
qui arrive n'est pas due au hasard, à la fatalité, mais elle est l'œuvre
intelligente des citoyens. Il n'y a en elle personne qui reste à la fenêtre à
regarder pendant que le petit nombre se sacrifie, s'évanouit dans le sacrifice
; et celui-là qui est à la fenêtre, aux aguets, veuille profiter du peu de bien
que l'activité de peu de personnes procure et dilue sa déception en vitupérant
le sacrifie, le saigne, car il n'a pas réussi dans son dessein.
Je vis, je suis
parti prenant. Donc je hais qui ne prend pas parti, je hais les indifférents. »
***************
APRÈS LA
BATAILLE
Mon père, ce
héros au sourire si doux,
Suivi d'un seul
housard qu'il aimait entre tous
Pour sa grande
bravoure et pour sa haute taille,
Parcourait à
cheval, le soir d'une bataille,
Le champ couvert
de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla
dans l'ombre entendre un faible bruit.
C'était un
Espagnol de l'armée en déroute
Qui se traînait
sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé,
livide, et mort plus qu'à moitié.
Et qui disait :
« À boire ! à boire par pitié ! »
Mon père, ému,
tendit à son housard fidèle
Une gourde de
rhum qui pendait à sa selle,
Et dit : «
Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. »
Tout à coup, au
moment où le housard baissé
Se penchait vers
lui, l'homme, une espèce de Maure,
Saisit un
pistolet qu'il étreignait encore,
Et vise au front
mon père en criant : « Caramba ! »
Le coup passa si
près que le chapeau tomba
Et que le cheval
fit un écart en arrière.
« Donne-lui tout
de même à boire », dit mon père.
La Légendes des siècles
VICTOR HUGO
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