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Jean de Baulhoo, « Fable pour les enfants en hommage aux veilleurs » (octobre 2013)
Axel Nørgaard Rokvam, « L'homme libre est celui qui écoute sa conscience » (7-8 octobre 2013)
Cardinal André
Vingt-Trois : « Adresser les avertissements de Dieu » (extraits de l'homélie
prononcée lors de la messe pour les responsables politiques et les
parlementaires en la basilique Sainte-Clotilde, le mardi 8 octobre 2013).
(...) Pour un
certain nombre de nos contemporains, (les croyances et les religions) sont
considérées comme des instances chargées de rappeler des principes moraux. Au
nom de la laïcité, on accepte qu’elles se fassent entendre, mais sans aller
jusqu’à prendre en compte leurs observations. Elles seraient comme
l’ornementation éthique de décisions qui n’intègrent pas réellement les
références éthiques. Comme si la seule référence morale était de se modeler sur
les comportements existants, y compris avec leurs contradictions, et de les
rendre licites par la loi.
Je ne sais pas
si notre société peut être comparée à Ninive, la grande ville païenne. Mais ce
que l’Écriture veut nous dire, à coup sûr, c’est que, malgré ses réticences et
ses craintes, Jonas est envoyé pour appeler cette ville à corriger ses mœurs.
(...) L’épisode qui nous est relaté (...) est un message d’espérance. Même une
ville aussi grande et corrompue que Ninive ne reste pas sourde aux
avertissements du prophète. Si éloignée que notre société nous paraisse de la
foi et de la Parole de Dieu, nous ne pouvons pas nous récuser en arguant du
fait que les croyants et spécialement les chrétiens ne dominent pas la société
et que nous ne serions pas écoutés. À cette société, comme à Ninive, nous
sommes invités à adresser les avertissements que Dieu nous inspire, respectant
la liberté personnelle de chacun pour les accueillir ou pour les réfuter, pour
les suivre ou pour s’en détourner.
Je ne voudrais
pas dresser maintenant un catalogue des questions sur lesquelles la Parole de
Dieu doit nous interpeller. Mais les temps que nous vivons nous invitent à une
plus grande vigilance dans plusieurs domaines dans lesquels le travail
législatif est gravement impliqué. Le premier de tous est évidemment la manière
de penser et de mettre en œuvre la solidarité nationale. Il est normal que des
orientations politiques divergent sur les moyens à promouvoir. Il est d’autant
plus important que les objectifs de la solidarité soient clairement exprimés et
rappelés. Est-il possible de progresser dans ce domaine sans affronter les
avantages catégoriels, sans reconnaître que la consommation ne peut pas être le
seul levier du dynamisme économique et social ? Avons-nous assez de courage
pour affronter cette réalité dans les débats électoraux ?
Une autre
question mérite toute notre attention, le sort réservé aux enfants dans notre
société. Dans beaucoup des débats que nous avons connus au cours de l’année
écoulée et qui reviendront dans les mois qui viennent, on dissimule à peine la
tendance lourde qui consiste à considérer l’enfant exclusivement du point de
vue des désirs de l’adulte qu’il est supposé satisfaire. On l’a vu dans
l’exclusion du pôle paternel ou maternel lors du vote de la loi sur l’ouverture
du mariage aux personnes de même sexe. On va le revoir dans le débat sur
l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation. Je ne doute pas que,
pour un certain nombre de personnes, il s’agit d’affronter une souffrance
réelle. Mais je doute que l’on prenne en compte le bien supérieur de l’enfant.
Dans ce domaine,
comme dans celui de la gestion de la fin de la vie, nous souhaitons simplement
répéter ce qui devrait être un repère commun dans notre société : le respect de
la dignité de toute personne humaine dont aucune ne devrait pouvoir imaginer
qu’on dispose de sa vie en fonction de nos propres désirs, de nos sentiments ou
de notre souffrance. (...)
Enfin, comment
pourrions-nous oublier la situation des communautés chrétiennes du
Moyen-Orient. Le ministre des Affaires étrangères a récemment rappelé devant
l’Assemblée nationale la responsabilité particulière de la France à leur égard,
responsabilité historique et actuelle. Cette responsabilité peut s’exercer en
accueillant largement les réfugiés. Mais elle doit surtout s’exercer par notre
action diplomatique pour faire respecter les droits dans des pays où ils vivent
depuis le début de l’ère chrétienne et leur permettre ainsi de rester
paisiblement dans leur patrie. En tout cas, cet objectif nous oblige à une
grande attention dans l’aide militaire et diplomatique que nous pourrions
apporter à des groupes dont la conviction sur ce point serait sujette à
caution. (...)
***************
FABLE POUR LES
ENFANTS EN HOMMAGE AUX VEILLEURS
Le Bon Dieu, le
grand Dieu,
Tout là-haut
dans les cieux,
Celui devant
lequel
On s’agenouille
au ciel ;
Celui des
jeunes, des vieux,
Riches ou
nécessiteux ;
Lui le Père
éternel,
Pour sa forme
charnelle
Descendre sur la
terre,
Sauver les pauvres hères,
Avait choisi
Jésus,
Fils de Dieu, il
le fut ;
Engendré par le
Père,
Avec Marie pour
mère,
Le Seigneur
s’aperçut
Alors un peu
confus,
Qu’il fallait
pour l’enfant,
Toujours une
maman ;
Un papa de
surcroît,
Il n’avait pas
le choix.
Il trouva dans
l’instant,
Malgré le poids
des ans,
Un homme honnête
et droit,
De la lignée
d’un roi.
Copyright Jean
de Baulhoo, octobre 2013
***************
Axel : « L’homme
libre est celui qui écoute sa conscience »
Le mot d’Axel
sur le thème « Loi et conscience », partagé lors des deux veillées des 7 et 8
octobre devant le Conseil Constitutionnel.
« Il semble bien
qu’il y ait en l’homme, c’est-à-dire en chacun de nous, une instance qui nous
justifie, c’est-à-dire qui nous conduit vers le chemin juste. C’est la
conscience humaine. Libre à nous, ensuite, de l’écouter ou de l’occulter.
Il est certain
qu’aujourd’hui des hommes qui nous gouvernent l’occultent, et que d’autres
l’écoutent. Mais nous ne pouvons pas pour autant scinder le monde entre ceux
qui écoutent et ceux qui occultent, car ceux qui écoutent n’auront jamais fini
d’écouter cette parole qui les habite, et ceux qui occultent n’auront jamais
raison de leur conscience.
Tant que nous
espérons, nous qui veillons, pouvoir suivre ce murmure continuel, cet appel à
la justice et à la vérité qui habite notre cœur, alors nous vivrons. Sinon,
nous mourrons du même cynisme qui tue nos adversaires d’un temps, de l’illusion
de vivre, d’un plaisir éphémère sans joie profonde.
La loi est une
autre instance justificatrice qu’une société se donne en vue d’une plus grande
justice. Mais la loi est fragile, elle est toujours moins complexe que la
nature de l’homme, que ce réel intérieur. Même les bonnes lois posent des cas
de conscience à l’homme. La loi possède toujours des carences, car l’homme et
la nature seront toujours infiniment plus complexes qu’elle.
La conscience,
c’est justement cette complexité, cette richesse que l’homme porte en lui et
dont il essaye d’entendre le murmure pour savoir ce qu’il doit faire. Dans une
société chaotique où le hurlement permanent des commentateurs publics empêche
les hommes de s’entendre, il devient si difficile d’écouter ce murmure que
certains en viennent à croire qu’il n’existe pas.
L’homme sans
conscience, sans morale, sans éthique, serait pour ceux-là l’homme libre. Pour
cacher cette pensée, on préfère nous expliquer que chaque individu est
auto-normé, que chacun possède sa propre morale. Comment un message si simple
sur l’homme, un mensonge si grossier peut-il être proféré à longueur de journée
sur toutes les ondes obscures de notre temps ? Comment un peuple tout entier
peut-il désespérer de faire savoir que sa conscience lui dit le contraire de ce
que disent ses lois ? Grâce à l’absence de lien social et d’engagement
personnel, grâce au désespoir et à l’égoïsme ambiant.
L’enfer
s’installe lorsque chacun croit pouvoir construire seul son petit paradis sur
ses sentiments et désirs individuels. La société ultra-violente que nous voyons
s’édifier jours après jours, dans ses rapports économiques, sociaux, familiaux,
religieux, est une société d’hommes qui ont étouffé leur conscience et se
satisfont de l’assouvissement de leurs désirs au détriment, consciemment pour
partie, du bien commun.
Avec quelques
dizaines de Veilleurs, dans quelques dizaines de veillées, nous nous battrons
toujours au nom de notre conscience, pour interpeller ceux qui font nos lois en
mettant nos consciences de côtés et, pire, en mettant parfois leur conscience
de côté. Nous leur conjurons d’oublier les théories déshumanisantes de Karl
Marx, qui a fait de la matière le moteur de l’histoire. Urs von Balthasar fait
de l’amour la force immatérielle de l’Homme. La conscience guide en chacun de
nous cette force immatérielle qu’est l’amour.
Ma conscience
m’a mené ici une nouvelle fois, je suis toujours prêt à affronter les mensonges
et les humiliations des machineries politiques et médiatiques. Je crois que
l’homme libre est celui qui écoute et obéit à sa conscience ».
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