mercredi 3 juillet 2013

OPÉRATION : UN POÈME PAR JOUR EN SOUTIEN À NICOLAS B. PRISONNIER POLITIQUE (13ème jour)

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13ème JOUR (MERCREDI 3 JUILLET 2013)

     CHARLES D' ORLÉANS (1394-1465)

                 


En regardant vers le païs de France

En regardant vers le païs de France,
Un jour m'avint, a Dovre sur la mer,
Qu'il me souvint de la doulce plaisance
Que souloye oudit pays trouver ;
Si commençay de cueur a souspirer,
Combien certes que grant bien me faisoit
De voir France que mon cueur amer doit.

Je m'avisay que c'estoit non savance
De telz souspirs dedens mon cueur garder,
Veu que je voy que la voye commence
De bonne paix, qui tous biens peut donner ;
Pour ce, tournay en confort mon penser.
ais non pourtant mon cueur ne se lassoit
De voir France que mon cueur amer doit.

Alors chargay en la nef d'Esperance
Tous mes souhaitz, en leur priant d'aler
Oultre la mer, sans faire demourance,
Et a France de me recommander.
Or nous doint Dieu bonne paix sans tarder !
Adonc auray loisir, mais qu'ainsi soit,
De voir France que mon cueur amer doit.

Paix est tresor qu'on ne peut trop loer.
Je hé guerre, point ne la doy prisier ;
Destourbé m'a longtemps, soit tort ou droit,
De voir France que mon coeur amer doit.

                  ***************

Voici le poème avec une orthographe modernisée :

En regardant vers le pays de France,
Un jour m’advint, à Douvres sur la mer,
Qu’il me souvint de la douce plaisance
Que je soulais au dit pays trouver ;
Si commençai de cœur à soupirer,
Combien certes que grand bien me faisoit
De voir France que mon cœur aimer doit

Je m’avisai que c’était non savance
De tels soupirs dedans mon cœur garder,
Vu que je vois que la voie commence
De bonne paix, qui tous biens peut donner ;
Pour ce, tournai en confort mon penser ;
Mais non pourtant mon cœur ne se lassoit
De voir France que mon cœur aimer doit.

Alors chargeai en la nef d’Espérance
Tous mes souhaits, en leur priant d’aller
Outre la mer, sans faire demeurance,
Et à France de me recommander.
Or nous donn’ Dieu bonne paix sans tarder !
Adonc aurai loisir, mais qu’ainsi soit,
De voir France que mon cœur aimer doit.

Paix est trésor qu’on ne peut trop louer.
Je hais guerre, point ne la dois priser ;
Destourbé m’a longtemps, soit tort ou droit,
De voir France que mon cœur aimer doit !

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