vendredi 5 juillet 2013

Textes lus lors de notre 9ème veillée - 5 juillet 2013


François-René de Chateaubriand, « Souvenir du pays de France » (en soutien à Nicolas)
Charles Péguy, Notre jeunesse (extrait)
Jean Debruyne, « La Paix est un travail »

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Souvenir du pays de France

Romance.

Combien j'ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance !
Ma sœur, qu'ils étaient beaux les jours
De France !
O mon pays, sois mes amours
Toujours !

Te souvient-il que notre mère,
Au foyer de notre chaumière,
Nous pressait sur son cœur joyeux,
Ma chère ?
Et nous baisions ses blancs cheveux
Tous deux.

Ma sœur, te souvient-il encore
Du château que baignait la Dore ;
Et de cette tant vieille tour
Du Maure,
Où l'airain sonnait le retour
Du jour ?

Te souvient-il du lac tranquille
Qu'effleurait l'hirondelle agile,
Du vent qui courbait le roseau
Mobile,
Et du soleil couchant sur l'eau,
Si beau ?

Oh ! qui me rendra mon Hélène,
Et ma montagne et le grand chêne ?
Leur souvenir fait tous les jours
Ma peine :
Mon pays sera mes amours
Toujours !

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Péguy, Notre jeunesse (1910)

Et nous, que disions-nous ? Nous disions une seule injustice, un seul crime, une seule illégalité, surtout si elle est officiellement enregistrée, confirmée, une seule injure à l'humanité, une seule injure à la justice et au droit, surtout si elle est universellement, légalement, nationalement, commodément acceptée, un seul crime rompt et suffit à rompre tout le pacte social, tout le contrat social, une seule forfaiture, un seul déshonneur suffit à perdre d'honneur, à déshonorer tout un peuple. C'est un point de gangrène, qui corrompt tout le corps. Ce que nous défendons, ce n'est pas seulement notre honneur. Ce n'est pas seulement l'honneur de tout notre peuple, dans le présent, c'est l'honneur historique de notre peuple, tout l'honneur historique de toute notre race, l'honneur de nos aïeux, l'honneur de nos enfants. Et plus nous avons de passé, plus nous avons de mémoire, plus ainsi (...) nous avons de responsabilité, plus ainsi aussi ici nous devons la défendre ainsi. Plus nous avons de passé derrière nous, plus (justement) il nous faut le défendre ainsi, le garder pur. Je rendrai mon sang pur comme je l'ai reçu. C'était la règle et l'honneur et la poussée cornélienne, la vieille poussée cornélienne. C'était la règle et l'honneur et la poussée chrétienne. Une seule tache entache toute une famille. Elle entache aussi tout un peuple. Un seul point marque l'honneur de toute une famille. Un seul point marque aussi l'honneur de tout un peuple. Un peuple ne peut pas rester sur une injure, subie, exercée, sur un crime, aussi solennellement, aussi définitivement endossé. L'honneur d'un peuple est d'un seul tenant.

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La Paix est un travail

La paix aurait pu être une fleur sauvage
de ces fleurs des champs
que nul ne sème ni ne moissonne.

La paix aurait pu être
une de ces fleurs des prés
que l'on trouve toute faite un beau matin
au bord du chemin, au pied d'un arbre
ou au détour d'un ruisseau.

Il aurait suffit de ramasser la paix
comme on ramasse les champignons
ou comme on cueille la bruyère
ou la grande marguerite.

Au contraire la paix est un travail
c'est une tâche.

Il faut faire la paix
comme on fait le blé.

Il faut faire la paix
comme il faut des années
pour faire une rose
et des siècles pour faire une vigne.

La paix n'existe pas à l'état sauvage :
il n'y a de paix qu'à visage humain.

Jean Debruyne

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